• _ Présentation de la dissertation

    Exemples de traitement de dissertation.

     

    Commençons par un plan dialectique (c’est-à-dire qui discute la proposition du sujet, pour au final aboutir à une phrase plus convenable). Il ne s’agit que d’un exercice de méthodologie, lors d’un examen, il faudrait retirer les titres et la numérotation des parties, plusieurs exemples seraient attendus par sous-partie.

     

     

    Proposition de plan pour le sujet

    « Raconter une histoire, est-ce un bon moyen de convaincre ? » 

     

    I une histoire permet de transmettre un message

    A. Avec un récit, l’attention du lecteur est captée. Son esprit s’attache aux personnages et à l’action, et ne s’embarrasse pas de termes difficiles ou de nuances subtiles. La Fontaine le montre bien dans « le pouvoir des fables » quand il élargit son propos à tous les hommes, y compris lui-même. « L'animal aux têtes frivoles » correspond à la foule que nous formons et dont l’attention n’est éveillée qu’en présence d’une histoire. Curieusement ce qui intéresse le plus le public, ne lui ressemble pas toujours ; en prenant l’exemple de Cérès, l’orateur athénien a recours à la mythologie où toutes les métamorphoses sont possibles. De même, vous vous apercevez que les livres (et surtout les films) qui ont le plus de succès sont ceux qui s’éloignent le plus de la réalité quotidienne.

    B. Une histoire peut illustrer clairement une idée. Plutôt que de passer en revue toutes les guerres possibles et d’en tirer des conclusions particulières qu’il faudra ensuite synthétiser, Voltaire dans son Dictionnaire philosophique invente une histoire qui condense toutes les caractéristiques des situations diverses. Le récit inventé résume les possibilités, élimine les complications et insuffle l’opinion de l’auteur alors qu’un simple exemple tiré du réel n’est qu’un fait à interpréter. La manière de raconter montre la stupidité des prétentions du prince et l’avidité des soldats qui ne défendent rien sinon leurs bourses. Le récit oriente l’ensemble de l’œuvre, il ne s’agit pas seulement de proposer une définition comme on pourrait l’attendre d’un dictionnaire, mais surtout de réagir par rapport à la réalité que le mot recouvre. 

     

    II le message d’une histoire n’est pas toujours clair

    A. Une histoire peut avoir plusieurs interprétations qui s’avèrent parfois contradictoires. Le cas des « Fées» de Perrault est à ce titre révélateur : pourquoi proposer deux morales ? N’est-ce pas assez pour montrer que l’intention de l’auteur reste difficilement compréhensible ? Certes elles se complètent mais si l’on peut lire deux messages différents, cela revient à dire que le lecteur peut trouver plusieurs sens à une histoire, par conséquent le récit n’est pas forcément le meilleur moyen de convaincre. Ajoutons l’exemple de « la cigale et la fourmi » qui justement ne présente pas une morale qui permette au lecteur de s’accorder sur l’idée de La Fontaine. Cette liberté autorise deux lectures : soit on loue la dureté de la fourmi qui a bien raison de punir un animal aussi peu prévoyant et travailleur que la cigale, soit on se place du côté de la chanteuse (c’est-à-dire de l’artiste, du poète et peut-être du fabuliste) qui sait jouir du temps présent et accepte de subir les remontrances de ses mécènes.

    B. Le message à tirer d’une histoire peut s’avérer difficile à comprendre. Ici il ne s’agit même plus d’évoquer plusieurs interprétations mais d’essayer d’en dégager une seule ! Comment comprendre par exemple le « Songe de Platon » de Voltaire ? Certes il s’agit d’une critique contre les insatisfaits permanents et d’une mise à distance du créationnisme judéo-chrétien, cependant comment doit-on comprendre le début et la fin du texte qui lui donne assurément un sens ? Ce « vous vous réveillâtes » autorise à penser que ce qui vient d’être dit n’a que la valeur d’un songe, nullement d’une pensée construite et rationnelle à laquelle on pourrait accorder le moindre crédit. Ce qui précède le songe met en garde également contre ce genre de fable, si bien que Voltaire demande presque de se méfier de l’histoire qu’il va raconter. Le lecteur peut être désorienté par cette attitude. Le mystère des paraboles bibliques peut également être évoqué ici. La parabole de l’enfant prodigue (Luc, 15) semble à première lecture fort curieuse car ne défend-elle pas une forme d’injustice ? Le texte ne se comprend qu’avec pour référence la foi en Dieu et non avec des situations quotidiennes. 

     

    III l’histoire reste un bon moyen de persuader

    A. L’histoire ne permet pas réellement de convaincre puisqu’on a vu précédemment que son message pouvait être mal compris, cependant elle fixe l’attention du lecteur, donc l’auteur peut s’en servir pour persuader. Persuader fait plus appel aux sentiments que le verbe convaincre qui exige l’assentiment de la raison. Une histoire propose dans son ensemble un code moral à respecter. Dans les « Fées » de Perrault, cette moralité est rendue efficace par la peur du châtiment de la mauvaise fille et la rétribution de la bonne, beaucoup plus que le simple énoncé qui conclut le conte. La force du Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo vient du fait que le narrateur est cet homme qui va mourir par la justice des hommes. Ses impressions persuadent le lecteur de la torture psychologique que la peine capitale inflige.

    B. L’imagination permet de construire un monde différent dans lequel on règle les problèmes qui nous sont contemporains. Avec l’utopie, les auteurs demeurent dans le cadre d’une fiction dont le but est de délivrer un message. Nous pouvons distinguer l’utopie qui ne se confond généralement pas avec un roman, étant trop proche d’un programme de réforme, et la contre-utopie dans laquelle un écrivain souligne les aberrations et les dangers qui menacent la société qu’il connaît en les grossissant. 1984 de George Orwell souligne la répression et le mensonge du monde totalitaire stalinien, avec une force plus oppressante qu’un récit historique. Globalia de Jean-Christophe Ruffin s’interroge sur des données géopolitiques accessibles à tous, son cadre a du mal à cacher son modèle. L’intérêt de ce plan est qu’il dépasse la simple opposition entre deux idées (l’histoire est un bon moyen de transmettre un message / l’histoire n’est pas un bon moyen) par la présence d’une troisième partie qui reformule plus justement le sujet (ici, le point à rectifier concernait le verbe « convaincre » peu adéquat, qu’il a fallu remplacer par « persuader »). La conclusion sera facilitée parce qu’elle pourra se terminer sur la distinction entre deux stratégies argumentatives distinctes auxquelles répondent deux genres particuliers : à la volonté de diffuser le plus largement possible son idée, correspond la forme narrative ; si l’auteur s’adresse à un public plus exigeant, la précision de l’essai est mieux adaptée. 

     

     

     

    Examinons à présent un plan thématique (c’est-à-dire qui dresse la liste des possibilités offerte par le sujet). A vous de retrouver des textes qui pourraient illustrer les parties du plan.

    Sujet : Selon vous, qu’est-ce qui favorise la création poétique ?

     

    Dans l’introduction, on pourra commencer par évoquer les anciennes conceptions de l’inspiration par la muse auquel nous ne prêtons plus grand crédit aujourd’hui, il faut donc rechercher ce qui favorise la création poétique (ce genre de proposition légitime le sujet, vous montrez ainsi que la question se pose réellement).

     

    I La création poétique est tout d’abord favorisée par une sensibilité particulière

    A. L’émotion devant un spectacle particulier (la nature, la femme)

    B. L’expression de ses sentiments (peines biographiques ou joies soudaines)

    C. Le poète peut se sentir appartenir à une catégorie particulière (cf idée du poète maudit)

     

    II L’attention au monde sert également la création poétique

    A. Le poète peut témoigner de réalités préoccupantes

    B. Le poète peut prendre des positions publiques (sur la politique, en dénonçant)

    C. Le poète peut construire des réflexions philosophiques que lui inspire son époque.

     

    III Contrairement à l’idée d’une inspiration divine, le poète doit faire des efforts

    A. La création d’une forme poétique montre que le poète doit passer du temps sur sa table.

    B. D’ailleurs certains poètes n’envisagent la poésie que comme un bel ouvrage (les grands rhétoriqueurs du début XVIe ou le Parnasse au XIXe)

    C. L’ambition du poète peut être d’être reconnu comme une figure importante d’une culture ancestrale (il montre sa culture littéraire et doit se hisser au niveau des auteurs qu’il mentionne).