• _ L'audace de Michel-Ange

    La chapelle Sixtine est l'un des monuments les plus visités au monde et sa magnificence justifie grandement cette popularité. C'est là que les cardinaux élisent le pape. Elle fut voulue par l'un d'eux, Sixte IV, qui lui donne son nom. L'un de ses successeurs, Jules II en confia la décoration au célèbre et ombrageux Michel-Ange. Dans cette Rome en plein effervescence renaissante, le peintre (qui préférait son talent de sculpteur) représente des scènes et des personnages bibliques, mais l'image qu'il en donne n'est pas toujours conforme aux représentations antérieures. Ainsi  on peinera à distinguer ou reconnaître les ancêtres du Christ qui sont censés établir un lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Ils sont intégrés dans de petits voûtains où l'on ne voit que des familles anodines et où le personnage important est caché ou en retrait. De plus, la présence des sibylles _ L'audace de Michel-Angeintègrent la paganisme dans la chrétienté en lui conférant une dimension annonciatrice mais en rendant par là hommage à une culture classique en vogue à l'époque. On peut voir par exemple celle de Delphes qui n'a jamais été rattachée à l'histoire du christianisme. 

    Ces deux détails semblent détacher la peinture du strict credo catholique, mais c'est dans la représentation de Dieu que Michel-Ange étonne. On se souvient que la représentation de la divinité ne va pas de soi, elle a d'ailleurs provoqué des schismes, et elle est interdite par la loi juive (et à sa suite dans l'islam). Michel-Ange au contraire peint Dieu sans difficulté et dans des positions qui le ramènent à une condition quasi-humaine.  On peut s'étonner en effet de le voir sous toutes les coutures, de profil (dans la célèbre création d'Adam) mais aussi de dessous voire de derrière. Cette dernière perspective pourrait faire oublier que nous sommes au Vatican, au coeur du catholicisme...

    _ L'audace de Michel-Ange_ L'audace de Michel-Ange